08 March 2014

Baudelaire In Translation, Part I

Two poems by Charles Baudelaire, translated into free verse versions ... originals included below.
*
Music
So often music transports me like an ocean!
Towards my pale star,
Beneath a ceiling of mist or in a vast ether,
I take to the sea.
My bosom pushed forward and my lungs inflated
Like canvas sails.
I ride the backs of amassing waves
Hidden by the night.
I feel within me all the vibrating passions
Of a trembling vessel;
The merciful wind, the tempest and its throes
On this open abyss,
Cradle me. Otherwise, stillness—a vast mirror
Of my despair.
— Kloé Rahilly & Darby McDevitt

La Musique
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!
Charles Baudelaire

*
The Joyful Dead
In a greasy soil, brimming with snails
I want to dig a cozy bed,
Where, at my leisure, I may spread my old bones
And sleep in oblivion like a shark undersea.
I hate written wills and I hate all tombs;
Rather than ask one tear of the world,
Alive, I would sooner invite the crows
To drain the blood from my foul carcass.
O worms! Black companions, deaf and blind,
I come to you a free and joyful corpse;
Living philosophers, sons of decay,
Pass through my ruins without remorse!
And tell me if there remains any torture
for this old stiff, without a soul and dead among the dead.
— Kloé Rahilly & Darby McDevitt

Le Mort joyeux
Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.
Je hais les testaments et je hais les tombeaux;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts!
Charles Baudelaire

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